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Daniel Leuwers - membre de l'Académie Mallarmé  
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La vallée des miroirs


Si tu grimpes sur la bonne montagne
Le bon jour à la bonne heure
Tu verras que les hommes vivent en paix avec les animaux
Dans les champs
Tu verras que les arbres ouvrent les bras aux oiseaux
Sur les lacs
Et si tu te penches bien et fronces les sourcils
Tu pourras entrevoir tout au creux
Le fond secret du ciel

Si tu grimpes sur la même montagne
Le même soir à la bonne heure
Tu verras le soleil se mirer plusieurs fois
Entre les champs
Et caresser de couleurs le dos usé des montagnes
Et la crinière des plantes séchées
Et si tu te penches et fronces les sourcils
Tu pourras entrevoir tout au creux
Le fond profond de la nuit

Et parfois certains soirs
Si tu regardes avec le bon œil
Et si la magie est bonne
Au cœur de la vallée des miroirs
Tu verras le fond de toi



Amnésie maison


Rappelle-toi

Nos clefs renieront nos serrures
Nos portes rejetteront nos corps
Nos fenêtres omettront nos reflets
Nos murs nieront nos souvenirs
Nos plafonds nous trahiront
Nos tapis partiront sous nos pieds
Nos planchers ne donneront plus l’écho de nos pas
Nos miroirs oublieront nos images
Nos meubles décrocheront la clef des champs
Nos objets divorceront à cœur fendre

Alors

Nous ne serons plus chez nous
Notre maison ne sera alors plus qu’une maison
Égarée parmi les autres maisons

Cassée

Seule
Désormais
Avec de pauvres étrangers
Totalement démunis de passé



Plage incertaine


L’enfant sur la plage
Tâte la mer du bout du pied
Et l’on ne sait pas si ses petits orteils
Trouvent que c’est froid
Ou que ça goûte trop salé

Il avance et recule
Ainsi que la marée
Chacun incertain de l’autre
Comme deux possibles futurs amants
Se regardant et détournant la tête
Dès que le regard de l’autre imite le leur

Ainsi
Sur toutes les plages de toutes les mers de tous les temps
Des enfants tâtent du pied la mer
S’enfuient ou s’aventurent davantage
Comme chacun seul et perdu
Face à l’océan de la vie

Bernard Pozier est né à Trois-Rivières, Québec, en 1955. Il est directeur littéraire des Écrits des Forges. Ses ouvrages les plus récents sont : Naître et vivre et mourir, Carnets de México, Biens et maux, Agonique agenda, Post-scriptum, Le temps bouge la Terre passe, Dérivés et Le chemin éternel, de même que l’anthologie Écrits des Forges - 50 ans de poésie. Sont parus également en d’autres langues Fragmentos del universo, We are what we love, Agenda de la agonía et Poetas.

Sur manuscrit, son ouvrage Ces traces que l’on croit éphémères s’est vu accorder le prix de la revue Levée d’encre en France, en 1988. En 2012, Bernard Pozier a reçu la Médaille de la Reconnaissance de l’État d’Aguasca lientes au Mexique pour l’ensemble de ses travaux d’écriture, de traduction et de diffusion de la poésie mexicaine au Québec et, en 2013, le premier Prix de calaveritas du Consulat du Mexique à Montréal.

En 2018, il a reçu la Médaille Hugo Gutiérrez Vega. Il est membre du conseil académique du festival mexicain Letras en la mar et, en France, de l’Académie Mallarmé.
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