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Daniel Leuwers - membre de l'Académie Mallarmé  
P A R I S   F R A N C E   2 0 2 3
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* * *


ils sont là tous les deux devant le guichet
accrochés l’un à l’autre
tassés tremblants ténus traqués
elle silhouette menue voix fluette
craintive implorante
lui branche racornie rameau desséché
longtemps il a été fier
menant protégeant
mais il ne sait pas il ne sait plus
conciliabules effarés
il se redresse en vain
et c’est sa misère qu’il met au jour
alors
elle fait face elle parle pour deux
et il acquiesce sans comprendre
il répète il quémande
au bout du chemin
ensemble quand même encore



* * *


petite grive, je pense à toi
à ton regard fixé sur l’intrus
semblable à celui de ta mère qui couvait
lors de mon premier passage fortuit
non loin du nid annuel
tu n’étais déjà plus le bec
vorace ouvert aveugle vers le ciel
et sa provende ailée
tu te tenais fière
dans une parure de presque adulte
et je ne t’aurais davantage dérangée
respectueux des distances
des différences
tu n’auras pas connu l’envol
juste la chute
affolée
ce matin j’ai trouvé ta dépouille
à deux pas du buisson
tes pattes raidies
indécemment troussées par la mort
sous tes ailes débiles
trop courtes encore
pour la lumière et pour le chant



* * *


cette enfance qui nous taraude
que nous épelons sans cesse
dont nous caressons les plaies
dans l’effroi de notre sang qui se perd
qui nous échappe nous guide et nous égare

cette obscure douleur traversée de quelques soleils

il faut la chérir
nous n’aurons eu que celle-là.
Jean Le Boël est né en 1948 à Boulogne-sur-Mer, d’un père picard et d’une mère limousine. Ayant vécu en milieu populaire ou rural, imprégné des patois en usage dans ses deux milieux familiaux, il revendique une double appartenance, à l’oc, comme à l’oïl, mais il a fait du français académique sa langue d’écriture. Bachelier en 1964 au lycée public de sa ville natale, il poursuit ses études en Lettres Supérieures, puis en Première Supérieure, à Lille. Après les événements de 1968, qu’il vit à Paris, il reprend des études de lettres classiques, de linguistique, de philosophie antique, tout en occupant divers emplois, comme moniteur de voile ou magasinier dans un garage automobile. Il devient enseignant titulaire à partir de 1971 en collège dans sa région natale, dans son lycée d’origine, puis dans celui de Berck-sur-Mer. Il donne également des cours de langues anciennes et de français médiéval à l’Université du Littoral.

En 1994, il crée, au sein des éditions P.P.P. qui publient ses premiers ouvrages, la revue Écrit(s) du Nord, puis, après la disparition de cet éditeur, l’association éponyme qui organise, entre autres, le Prix des Trouvères, avec la Ville du Touquet, ou le festival Poètes en campagne à Verton. À la même époque, il donne des chroniques linguistiques dans la presse hebdomadaire régionale et fait vivre également des lectures au chevet et des ateliers d’écriture en milieu hospitalier.

En 2005, il fonde avec Catherine Henry les éditions qui portent le nom de cette famille d’imprimeurs et d’éditeurs. Il les anime jusqu’en 2023, année où la marque est reprise par La Rumeur libre. Il en reste directeur littéraire.

Parallèlement à son activité d’éditeur, il écrit de la poésie, des fictions romanesques ou des essais. Bourse Poncetton de poésie de la SGDL pour Le Paysage immobile en 2009. Prix Mallarmé 2020 pour jusqu’au jour.

Malgré ses engagements à Paris, au sein de l’Académie Mallarmé, dont il est délégué auprès de la Foire du Livre de Brive, à la Maison de Poésie - Fondation Émile Blémont dont il est secrétaire, pour n’en évoquer que quelques-uns, Jean Le Boël est un homme de la terre, amateur de potager. Il y passe l’essentiel de son temps libre. Il a épousé la plasticienne Isabelle Clement.
Il est titulaire des Palmes académiques et Chevalier des Arts et Lettres.



F  O  N  D  E  E     E  N     1  9  3  7      P  A  R  I  S      F  R  A  N  C  E